Les géants du porno quittent (encore) la scène française. Ce 15 juillet 2025, les sites Pornhub, YouPorn et RedTube — tous appartenant au groupe Aylo — ont restreint leur accès depuis le territoire français, comme l’a révélé L’Informé. En cause : la décision du Conseil d’État de rétablir l’obligation de vérification d’âge pour accéder aux plateformes pornographiques.
les internautes français qui tentent d’accéder à Pornhub, YouPorn ou RedTube tombent désormais sur un message sans équivoque : « Suspendu en France : à partir du 15 juillet 2025 ». Un texte signé par la société Aylo, maison mère des trois plateformes, accompagne ce message. Celle-ci y dénonce les nouvelles obligations de vérification d’âge, jugées à la fois inefficaces et dangereuses pour la vie privée des utilisateurs.
Cette mesure, déjà très controversée par les sites concernés, marque une nouvelle escalade dans le bras de fer opposant le gouvernement français aux acteurs majeurs de l’industrie X. En réponse, les sites affichent désormais un visuel inspiré de La Liberté guidant le peuple, symbolisant leur opposition à ce qu’ils considèrent comme une atteinte à la liberté d’accès.
« Face au mur » : tel est le message implicite de ce nouveau blocage, qui relance une bataille juridique et politique entamée depuis plusieurs années. Malgré une récente victoire judiciaire des plateformes, le gouvernement campe sur sa position. Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’IA et du Numérique, s’est d’ailleurs félicitée sur X (ex-Twitter) du retour de l’obligation de contrôle d’âge :
« Pornhub, YouPorn, RedTube et 14 autres sites sont de nouveau soumis à l’obligation de mettre en place un contrôle d’âge robuste pour empêcher l’accès des mineurs à leurs contenus ».
Ce nouvel épisode révèle toute la complexité du débat entre protection des mineurs, liberté numérique et souveraineté juridique. Le duel est loin d’être terminé.
Dans une déclaration quasi identique à celle publiée début juin, Aylo interpelle cette fois directement l’État et le régulateur des médias :
« Nous demandons au gouvernement français et à l’Arcom : combien de mineurs ont été protégés au cours des six semaines depuis l’entrée en vigueur de cette loi ? Les citoyens méritent des données concrètes montrant si cette législation a réellement réduit l’accès des mineurs à des contenus inappropriés. »
Ce n’est pas la première fois que le groupe claque la porte. En juin dernier déjà, les trois sites avaient quitté le territoire numérique français en guise de protestation contre les nouvelles règles imposant un contrôle d’âge systématique. À leurs yeux, ces mesures contraignent les plateformes à collecter des données sensibles de manière répétée, ce qui représenterait un risque de sécurité qu’ils refusent de faire peser sur leurs utilisateurs.
Le gouvernement, de son côté, assume pleinement sa ligne. Pour justifier la mise en place de ces dispositifs, il s’appuie sur les chiffres de l’Arcom : plus de la moitié des garçons âgés de 12 à 17 ans consulteraient chaque mois des contenus pornographiques, ainsi que 21 % des enfants de 10 à 11 ans. Au total, environ 2,3 millions de mineurs en France visiteraient régulièrement ces sites.
La ministre déléguée à l’IA et au Numérique, Clara Chappaz, avait réagi dès le 4 juin sur le réseau X :
« Les adultes sont libres de consommer du porno, mais pas au détriment de la protection de nos enfants. »
Le bras de fer se poursuit, entre géants du X et État français, dans un affrontement où se mêlent libertés individuelles, protection des mineurs et souveraineté numérique.