À quelques jours seulement de son investiture pour un nouveau mandat, prévue le 8 décembre, le président Alassane Ouattara a adressé un avertissement sans ambiguïté à son gouvernement. Lors d’un Conseil des ministres particulièrement tendu le 3 décembre, le chef de l’État a exprimé son vif agacement, jetant une lumière crue sur les tensions qui minent sa majorité à l’approche des législatives.
La colère présidentielle : l’hydre des candidatures indépendantes
La source de cette irritation ? L’explosion incontrôlée des candidatures dites « sans étiquette » pour les élections législatives du 27 décembre prochain. Un phénomène massif, représentant près de 60% des dossiers validés par la Commission Électorale Indépendante (CEI). Pour le président Ouattara, ce chiffre sonne comme un désaveu et une faille béante dans la stratégie du RHDP, le parti au pouvoir.
Selon des sources bien informées, le président a exigé, fermement, un point complet, circonscription par circonscription, afin de démêler l’écheveau de ces candidatures. La question, lourde de sous-entendus, plane désormais sur l’exécutif : certains ministres ont-ils manqué de loyauté envers le RHDP, voire encouragé en sous-main ces indépendants pour affaiblir des concurrents internes ? Une suspicion qui fait de chaque ministre un potentiel “frondeur” aux yeux du président.
Un casting gouvernemental à venir sous condition
Cet épisode n’est pas anodin. Il intervient alors qu’un remaniement ministériel est attendu début 2026. Pour les membres du gouvernement, presque tous candidats aux législatives, le message est clair : leurs performances électorales seront scrutées à la loupe par le président lui-même. La loyauté, la capacité à mobiliser les électeurs pour le parti, seront des critères décisifs pour conserver – ou obtenir – un portefeuille.
Mais Alassane Ouattara a ajouté deux exigences cardinales à cette équation politique : la probité et la bonne gouvernance. Des mots qui résonnent comme un écho direct au récent scandale financier qui secoue l’administration.
Le choc Doumbia : un scandale aux portes du gouvernement
En effet, selon nos informations, le président aurait été profondément choqué par l’affaire Abed-Nego Doumbia. Cet ancien Directeur Administratif et Financier (DAF) du ministère de la Santé, récompensé en juillet 2024 comme “meilleur DAF des administrations publiques” par le ministre des Finances Adama Coulibaly, est aujourd’hui au cœur d’une enquête judiciaire pour la découverte de plusieurs milliards de F CFA sur des comptes bancaires présumés.
L’homme ayant également œuvré de longues années au ministère de l’Éducation nationale de la ministre Mariatou Koné, l’affaire jette une ombre sur plusieurs pans de l’exécutif. Le pôle pénal économique et financier d’Abidjan-Plateau a ouvert une instruction, promettant des révélations potentiellement explosives.
Coulisses de pouvoir : l’heure du règlement de comptes ?
Dans les couloirs du Palais, l’atmosphère est à la vigilance maximale. L’investiture du 8 décembre, censée être un moment de célébration et de renouveau, est désormais précédée d’un sévère rappel à l’ordre. Ouattara, en stratège aguerri, place ses pions et trace ses lignes rouges : loyauté indisputable, discipline de vote et intégrité absolue.
Alors que la campagne législative s’intensifie, chaque ministre joue désormais sur deux tableaux : sa réélection dans sa circonscription et le maintien de la confiance présidentielle. La prochaine composition du gouvernement s’annonce comme le reflet de ce double examen, où les calculs politiciens et les exigences éthiques devront trouver un fragile équilibre.
Une chose est sûre : à l’aube de son nouveau mandat, Alassane Ouattara a signifié qu’il gardait fermement la main sur les rênes du parti et de l’État, et qu’aucune dérive ne serait tolérée. La chasse aux « traitres » et aux brebis galeuses est officiellement ouverte.
Selon Jeune Afrique



