Face à des résultats annuels désastreux, Nissan lance une restructuration massive : 20 000 emplois supprimés et capacités de production réduites. Un séisme pour le groupe japonais, qui pourrait aussi fragiliser Renault.
Nissan plonge dans le rouge avec une perte historique de 4,1 milliards d’euros. Le constructeur japonais subit de plein fouet le ralentissement économique mondial et l’effondrement de ses ventes sur ses deux marchés clés : les États-Unis et la Chine. Une situation aggravée par les surtaxes américaines de 25% sur les importations, qui frappent durement Nissan – le marché nord-américain représentait 30% de son chiffre d’affaires mondial l’an dernier.
La crise de Nissan menace désormais son partenaire Renault. L’échec des négociations de fusion avec Honda en février et la chute de 27% des ventes en Chine au premier trimestre 2025 ont précipité cette débâcle. Conséquence directe : Renault anticipe un impact financier de 2,2 milliards d’euros au premier trimestre 2025, lié aux dépréciations d’actifs et aux coûts de restructuration de son allié nippon. Un choc en cascade qui pourrait durablement affecter l’Alliance.
Nissan mise sur un douloureux plan de restructuration pour se redresser. Le constructeur japonais prévoit de supprimer 20 000 emplois dans le monde (15 % de ses effectifs) et de réduire de 20 % ses capacités de production. “Nous avons une structure de coûts trop élevée dans un marché mondial volatil et imprévisible”, a reconnu mardi le PDG Ivan Espinosa. Une mesure radicale pour un groupe en crise, mais qui pourrait ne pas suffire à inverser la tendance.
Ces licenciements massifs choquent le Japon, où la sécurité de l’emploi est traditionnellement sacrée. “Ici, les salaires sont modestes, mais on est protégé. Voir autant de personnes perdre leur emploi d’un coup, c’est terrible”, confie un Tokyoïte à notre correspondant Bruno Duval. D’autres regrettent l’échec de la fusion avec Honda : “Nissan aurait pu être sauvée par cette alliance. C’est vraiment dommage”, soupire un passant. Un sentiment d’amertume qui illustre l’ampleur de la crise traversée par le troisième constructeur automobile nippon.