La scène politique ivoirienne s’enflamme à nouveau. À un mois des législatives de décembre, une décision du président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, ravive les tensions que l’on croyait enterrées avec Laurent Gbagbo, chef du PPA-CI.
Au cœur de la tempête : la décision du PDCI de lancer la machine électorale sans consulter son allié de circonstance. Thiam a choisi d’engager son parti dans la bataille, avec plus de 130 candidats sur les 205 circonscriptions, pendant que le PPA-CI, lui, maintient un boycott ferme. Une déchirure stratégique… et symbolique.
UN PARTENARIAT QUI S’EFFRITE
Selon son entourage, Laurent Gbagbo a très mal pris cette initiative. Pour l’ancien chef d’État, ce choix brise l’élan commun né des législatives de 2021, lorsqu’un accord tactique PDCI–PPA-CI avait offert une quarantaine de sièges au vieux parti d’Houphouët-Boigny.
Mais derrière la brouille du moment, les vieilles rancœurs ressurgissent.
Mi-2024, Gbagbo confiait déjà à ses proches qu’il ne souhaitait plus de contact direct avec l’ex-banquier international. Motif : des propos attribués à Tidjane Thiam, remontés jusqu’à Bruxelles où résidait alors le fondateur du FPI. Pourtant, les deux hommes entretenaient un lien discret mais réel, scellé notamment par une visite de Thiam à Gbagbo en 2021.
LES TENTATIVES DE PAIX QUI N’ONT PAS SUFFI
En août 2024, une médiation américaine avait tenté de recoller les morceaux. À Washington, lors d’un événement du NDI, l’avocate Habiba Touré — voix influente du PPA-CI — avait échangé directement avec Tidjane Thiam. Une conversation pour apaiser, clarifier, renouer.
Début 2025, l’heure semblait à l’unité : Gbagbo et Thiam s’accordaient sur une posture commune face au président Alassane Ouattara, avec la présidentielle d’octobre comme horizon stratégique.
Mais cette dynamique vient d’être sévèrement bousculée.
UNE ALLIANCE EN DANGER AVANT LE GRAND RENDEZ-VOUS DE 2025
La décision du PDCI de s’aligner seul dans ces législatives ressemble à une rupture ouverte, au moment même où l’opposition tentait de serrer les rangs. Le geste est vu, côté PPA-CI, comme un désaveu.
Côté PDCI, on défend une stratégie assumée : exister politiquement, occuper le terrain, parler aux électeurs.
Résultat : la confiance se fissure, les camps se durcissent, et l’un des principaux attelages de l’opposition sort fragilisé… à moins d’un nouveau compromis, encore incertain.
Ce qui est sûr : le mois de décembre s’annonce électrique, et le paysage politique ivoirien pourrait être profondément redessiné avant la présidentielle de 2025.



