Diafarabé, en proie à l’émotion, a vu des centaines de Maliens défier l’angoisse mardi et mercredi pour exiger des réponses après la disparition soudaine d’une vingtaine d’hommes. Ces derniers avaient été arraisonnés par l’armée lundi lors d’une opération musclée sur un marché à bétail, près de Tenenkou (région de Mopti). Les familles, livrées à elles-mêmes, redoutent le pire : une exécution sommaire. Malgré les interrogations croissantes, les militaires gardent un silence assourdissant. l’État malien reste muet. La tension monte dans un pays déjà au bord du gouffre.
Lundi matin, vers 11 heures, des soldats maliens – cette fois sans leurs habituels alliés de Wagner – ont fait irruption sur le marché à bétail de Diafarabé. Selon plusieurs témoins locaux interrogés , dont des habitants et des leaders communautaires, une trentaine d’hommes ont été interpellés dans un déploiement musclé. Si certains ont été relâchés rapidement, ceux retenus en détention avaient un point commun troublant : tous étaient Peuls. Une sélectivité qui interroge, dans un contexte déjà tendu de suspicions communautaires et d’opérations militaires controversées. L’absence des mercenaires russes ajoute encore au mystère de cette opération ciblée.
La localité de Diafarabé, encerclée par les flots du Niger, a été le théâtre d’une scène glaçante. Selon plusieurs témoins, les hommes arrêtés par l’armée ont été embarqués de force en pirogue vers la rive opposée, près du cimetière de Danguere Mamba. Là, des détonations ont retenti, selon des récits concordants. L’après-midi même, les militaires sont revenus, interdisant aux habitants de traverser le fleuve tout en leur assurant, sans convaincre, que les disparus seraient bientôt libérés. Vingt-sept hommes restent introuvables. Leurs proches, hantés par la peur des exécutions sommaires, n’osent même plus approcher des lieux.
Les sources de RFI l’affirment : les personnes emmenées n’étaient que de simples commerçants, sans lien avec les combats. Pourtant, la zone, régulièrement attaquée par les jihadistes du JNIM (allié à Al-Qaïda), reste sous haute tension. Aucune preuve n’accrédite l’idée que les disparus aient pris les armes. Le silence des autorités est assourdissant : l’armée n’a fourni aucune explication, ignorant même les demandes de RFI. Les familles, abandonnées à leur angoisse, attendent toujours des nouvelles… ou des corps.