Choc au Tchad : l’ex-puissant Idriss Youssouf Boy condamné à la prison pour corruption. L’ancien ministre et directeur de cabinet du président, autrefois incontournable, a écopé ce vendredi 9 mai de cinq ans derrière les barreaux et d’un million de FCFA d’amende pour corruption passive. Son accusateur, reconnu coupable de corruption active, a également été condamné. La chute de cet homme-clé du régime, limogé dans un silence assourdissant avant d’être secrètement arrêté par les Renseignements généraux, avait déjà secoué N’Djamena. Son procès-éclair, ouvert lundi 5 mai, scelle sa spectaculaire disgrâce.
Officiellement, c’est une banale affaire de corruption qui a emporté l’ancien tout-puissant directeur de cabinet du président tchadien. Mais derrière les accusations, se cachent des tensions bien plus profondes : colère des Émiratis, rivalités claniques, et un pouvoir forcé de sacrifier l’un des siens.
Un procès qui n’est que la partie émergée de l’iceberg
Accusé par Hachim Bouder – ancien maire d’Amdjarass et grand bénéficiaire de contrats publics –, Youssouf Boy a été condamné pour corruption passive. Pourtant, les véritables raisons de sa disgrâce seraient ailleurs :
Des pressions étrangères : Les Émiratis, furieux du détournement de leur aide, auraient exigé sa tête.
Un clan présidentiel divisé : Mécontentements sur la gestion du dossier soudanais, colère contre les infrastructures non réalisées malgré des milliards engloutis.
Une haine tenace au sein du pouvoir : Ses origines et son arrogance auraient fini par le rendre indéfendable.
Un homme déjà condamné à l’avance ?
Ce n’est pas la première fois que Youssouf Boy tombe en disgrâce. En 2022, Mahamat Idriss Déby l’avait déjà limogé et brièvement emprisonné pour détournement… avant de le réintégrer. Dans son autobiographie De Bédouin à président, le chef de l’État l’avait même publiquement averti : “Une récidive serait impardonnable.”
Cette fois, le pardon était impossible. Les montants détournés étaient trop importants, les Émiratis trop remontés, et les adversaires de Boy trop nombreux. Résultat : un procès expéditif, une condamnation sans appel.
Une purge politique ? Pour certains observateurs, cette affaire marque un tournant : le régime, fragilisé, préfère sacrifier un proche plutôt qu’affronter une crise plus large. Youssouf Boy paie pour bien plus que la corruption… Il paie pour l’équilibre du pouvoir.