Selon un rapport alarmant du Timbuktu Institute, les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM, affilié à al-Qaïda) ont accru de manière « exponentielle » leurs attaques dans l’ouest du Mali. Leur expansion fulgurante dans la région de Kayes représente désormais une menace directe pour la Mauritanie et le Sénégal, où le groupe aurait déjà infiltré des réseaux économiques. Une situation qui pourrait déstabiliser toute la zone.
Entre 2021 et 2024, les attaques du JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) dans la région malienne de Kayes ont été multipliées par sept, selon les données d’ACLED citées par le Timbuktu Institute. Embuscades, mines artisanales… Les forces de sécurité maliennes sont les premières ciblées, comme lors de l’assaut meurtrier de Melgué en février. Mais les jihadistes s’en prennent aussi à des figures civiles, à l’image du prêcheur Thierno Hady Tall, visé en décembre. En ligne de mire : la route stratégique reliant Bamako à Kayes, puis au Sénégal, devenue un axe clé de leur expansion.
Selon le Timbuktu Institute, le JNIM poursuit une stratégie à double détente : couper Bamako de sa principale voie d’approvisionnement (la route vers Kayes et le Sénégal) pour asphyxier économiquement la capitale, tout en dispersant les forces de sécurité maliennes par des attaques éclairs. Objectif affiché ? Préparer, à terme, l’encerclement de Bamako. Parallèlement, les jihadistes étendent leur emprise via prêches radicaux et prélèvements de taxes illégales – des méthodes déjà rodées dans le centre du Mali, et qui gagnent désormais l’ouest.
Le Timbuktu Institute alerte : le JNIM prépare son infiltration au Sénégal et en Mauritanie via des réseaux économiques clandestins. Bien qu’il ne contrôle encore aucun territoire dans ces pays, le groupe jihadiste s’y implante progressivement par le biais de trafics lucratifs – vol de bétail revendu dans la région et exploitation illégale de bois. Ces activités lui permettent non seulement de financer ses opérations, mais aussi de tisser des liens forcés avec certains commerçants locaux, contraints à une collaboration indirecte, selon le rapport.
Le Timbuktu Institute met en garde contre une stratégie d’expansion inquiétante : le JNIM pourrait exploiter le chômage massif des jeunes et les fractures sociales (système de castes, marginalisation communautaire) pour recruter au Sénégal et en Mauritanie. Si ces tentatives restent pour l’instant vaines, les experts appellent à une réponse urgente : renforcement militaire aux frontières et coopération renforcée entre services de renseignement des pays concernés.