La confrontation entre Alger et Bamako franchit un nouveau palier. Après l’annonce d’une plainte malienne devant la Cour internationale de justice (CIJ) accusant l’Algérie d’avoir abattu un drone militaire malien au-dessus de Tinzaouatène, le ministère algérien des Affaires étrangères est monté au créneau, dénonçant une « manœuvre grossière » et une « tentative d’instrumentalisation » du droit international par la junte malienne.
Selon Bamako, l’incident du 1er avril constituerait une violation manifeste du principe de non-recours à la force et un acte d’agression. Alger, images à l’appui, rétorque que l’appareil avait violé son espace aérien. Plus encore, le MAE algérien rappelle que le Mali n’a déposé sa requête à la CIJ que le 16 septembre — et non le 4 comme initialement affirmé — sous la pression d’un démenti officiel algérien.
L’Algérie, tout en réaffirmant son respect pour la CIJ, dénonce le « paradoxe » d’une junte qui, selon elle, « méprise la légalité dans son propre pays » mais tente de se poser en défenseur du droit international. Pour Alger, cette démarche vise surtout à « détourner l’attention de la tragédie politique, économique et sécuritaire » que les autorités de Bamako ont infligée à leur peuple.
La CIJ a confirmé que la procédure ne pourra avancer qu’avec le consentement d’Alger, un feu vert que le gouvernement algérien entend refuser officiellement « en temps opportun ».
Cette passe d’armes illustre l’état de dégradation des relations entre les deux voisins, déjà marquées par le rappel réciproque des ambassadeurs et la fermeture des espaces aériens. Pour certains observateurs, la manœuvre malienne ne serait pas étrangère à des influences extérieures, notamment émiraties, dans une stratégie visant à maintenir une pression permanente aux frontières de l’Algérie.