Bamako, 23 juin 2025 – Le chef de la junte malienne, le général Assimi Goïta, est en visite officielle en Russie, où il doit s’entretenir avec Vladimir Poutine. Une rencontre présentée comme un simple échange diplomatique, mais qui ressemble davantage à une capitulation silencieuse. Car derrière les sourires et les poignées de main, c’est l’avenir même du Mali qui se joue – un avenir de moins en moins maîtrisé par les Maliens eux-mêmes.
Wagner part, Africa Corps arrive : la souveraineté en trompe-l’œil
Quelques jours avant cette visite, le départ du groupe Wagner a été annoncé comme une “victoire” par certains. En réalité, il ne s’agit que d’un changement d’étiquette. Africa Corps, la nouvelle structure qui le remplace, reste sous le contrôle direct du ministère russe de la Défense. Moscou ne lâche rien : il se contente de repeindre en vert et rouge ce qui était autrefois des mercenaires, pour mieux les faire passer pour des “alliés”.
Le Mali échange-t-il vraiment une occupation contre une coopération ? Rien n’est moins sûr. Les mêmes acteurs, sous un autre nom, continuent de dicter leur loi sur le terrain, tandis que les ressources du pays – or, uranium, terres rares – semblent toujours destinées à alimenter les intérêts de Moscou. Où est la souveraineté dans tout cela ?
Une coopération qui ressemble à une tutelle
La Russie ne vient pas en “partenaire”, mais en puissance tutélaire. Depuis 2021, Bamako a abandonné l’essentiel de sa politique sécuritaire aux mains de Moscou. Les soldats maliens sont formés par des instructeurs russes, les décisions stratégiques sont influencées par le Kremlin, et même la communication officielle semble calquée sur la propagande de Poutine.
Cette visite n’est qu’une formalité de plus dans une relation profondément déséquilibrée. Goïta, qui se présente en défenseur de l’indépendance nationale, a-t-il encore les moyens de refuser quoi que ce soit à son homologue russe ? Rien n’est moins certain.
Le Mali, un État fantoche ?
La question mérite d’être posée : le Mali est-il encore un État souverain, ou simplement un protectorat déguisé ? Les troupes françaises ont été chassées au nom de la “dignité nationale”, mais leur remplacement par des forces russes – sous quelque nom que ce soit – ne change rien au fond du problème.
Pire : alors que la transition promise traîne en longueur, que les libertés se réduisent et que l’économie stagne, le pouvoir malien semble plus occupé à plaire au Kremlin qu’à reconstruire le pays. Les Maliens, eux, assistent, impuissants, à cette lente dilution de leur souveraineté.
Conclusion : l’indépendance n’est pas à vendre
La souveraineté ne se mesure pas aux honneurs reçus à Moscou, ni aux communiqués triomphants sur les “nouveaux partenariats”. Elle se juge à la capacité d’un pays à choisir librement son destin, sans se soumettre à une puissance étrangère, quelle qu’elle soit.
Aujourd’hui, le Mali de Goïta ressemble de plus en plus à un État vassal, où les décisions se prennent ailleurs, pour servir d’autres intérêts. Le peuple malien mérite mieux qu’un simulacre d’indépendance. Il mérite un vrai projet national – et non une souveraineté de façade, vendue au plus offrant