Au Mali, la menace jihadiste atteint un niveau inédit. Selon l’ONG Acled, spécialisée dans l’analyse des conflits, pas moins de 22 étrangers – peut-être même 26 – ont été enlevés par le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), affilié à al-Qaïda, entre mai et octobre 2025. Du jamais vu dans le pays.
Un record tragique qui reflète à la fois la détérioration sécuritaire et la nouvelle stratégie économique des groupes armés.
Entrepreneurs chinois, ingénieurs indiens, travailleurs égyptiens, techniciens serbes, croates, bosniens, mais aussi ressortissants émiriens et iraniens… aucune nationalité n’est épargnée. La plupart ont été ciblés sur des sites industriels et miniers du sud du pays, zones devenues des terrains de chasse privilégiés pour les groupes jihadistes.
Pour Héni Nsaibia, expert du Sahel chez Acled, il s’agit là d’un chiffre “presque deux fois supérieur au précédent record de 2022”. À cette époque, treize étrangers avaient été enlevés.
Si certains otages ont été libérés, l’opacité reste totale : aucune donnée fiable ne permet d’établir le nombre exact de personnes relâchées, surtout parmi les Chinois et les Indiens.
Mais un chiffre, lui, ne laisse aucun doute : 50 millions de dollars.
C’est au moins la somme versée fin octobre au JNIM pour obtenir la libération d’un Émirati, de ses accompagnateurs indien et pakistanais, ainsi que d’un haut gradé émirien. Un jackpot financé par des rançons qui constituent depuis longtemps une ressource vitale pour les groupes terroristes.
⚠️ Une stratégie inquiétante : asphyxier l’économie malienne
Au-delà du financement, Acled souligne une nouvelle tactique : fragiliser l’économie.
Depuis septembre, le JNIM alimente volontairement une pénurie d’essence, paralysant des secteurs entiers du pays.
« Ils font d’une pierre deux coups », explique Héni Nsaibia :
➡️ financer leurs opérations,
➡️ dissuader tout investissement étranger et freiner les projets du régime de transition.
Pendant ce temps, des dizaines de Maliens – militaires, fonctionnaires, civils – restent également entre les mains du JNIM. Leur nombre exact demeure inconnu.
🗣️ Bamako temporise
Face à cette escalade, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, estime que ce « changement de mode opératoire » traduit plutôt un affaiblissement des groupes terroristes. Une analyse loin de faire consensus parmi les spécialistes.
⚔️ L’autre rival : l’État islamique au Sahel
Si le JNIM domine les enlèvements au Mali, l’État islamique au Sahel (EIS), rival direct, n’est pas en reste dans la région :
12 étrangers enlevés au Niger et au Burkina Faso,
1 en Algérie, selon Acled.
Mais au Mali même, aucun enlèvement d’étranger ne lui est attribué ces derniers mois.
👉 En résumé : le Mali fait face à une recrudescence alarmante des enlèvements d’étrangers, signe d’une insécurité qui s’enracine et d’une guerre économique menée par les groupes jihadistes.



