Issa Tchiroma Bakary, qui s’est autoproclamé vainqueur de la présidentielle du 12 octobre, a trouvé refuge depuis fin octobre à Yola, dans l’État nigérian d’Adamawa, à quelques kilomètres seulement de la frontière camerounaise. L’homme fort de Garoua, connu pour ses prises de position tranchées, est hébergé par un proche soutien, mais sa liberté est désormais sous étroite surveillance.
Selon des sources sécuritaires concordantes, la National Intelligence Agency (NIA) — le renseignement extérieur du Nigeria — a interrogé l’opposant sur ses intentions et lui a interdit toute communication publique depuis le territoire nigérian. Depuis, Issa Tchiroma vit en résidence surveillée, sous la responsabilité directe du puissant chef des services secrets, Mohammed Mohammed.
Cette présence embarrasse Abuja. Officiellement, aucun mandat d’arrêt n’a été émis par Yaoundé, mais une demande d’extradition pourrait intervenir dans les prochains jours, plaçant le Nigeria dans une position diplomatique délicate. Le précédent de Sisiku Julius Ayuk Tabe, leader indépendantiste ambazonien extradé en 2018 vers le Cameroun, reste encore dans toutes les mémoires.
Issa Tchiroma, notable influent du Nord-Cameroun, entretient depuis des années des liens étroits avec des cercles religieux et politiques nigérians, notamment avec l’émir de Kano, Muhammadu Sanusi II. Ces connexions pourraient aujourd’hui peser lourd dans le bras de fer politique qui se joue entre Yaoundé et Abuja.
🔍 Une affaire explosive, à la croisée du politique et du sécuritaire, qui risque de raviver les tensions régionales et de placer le Nigeria au cœur d’un nouveau casse-tête diplomatique.



