Le samedi 16 août, le ministère français des Affaires étrangères a rejeté comme « sans fondement » les accusations visant un ressortissant français détenu au Mali, dans le cadre d’une vague d’arrestations que les autorités de transition présentent comme liées à une tentative de déstabilisation. Plusieurs dizaines de militaires, parmi lesquels des généraux, ont été arrêtés. Le citoyen français est soupçonné par Bamako d’être un agent des services de renseignement impliqué aux côtés des présumés comploteurs.
Restée silencieuse dans un premier temps, la diplomatie française s’est exprimée le 16 août à travers un communiqué adressé à l’AFP et à Reuters. Le Quai d’Orsay y qualifie de « sans fondement » les accusations visant Yann Vezilier, présenté non pas comme un agent secret, mais comme un employé « dûment accrédité » de l’ambassade de France à Bamako, bénéficiant donc des protections de la Convention de Vienne. Paris exige sa libération immédiate et affirme avoir engagé un dialogue avec les autorités maliennes pour « dissiper tout malentendu ».
De son côté, la junte malienne, dans un communiqué publié jeudi soir, accusait des « États étrangers » d’être impliqués dans une opération de déstabilisation menée par « un groupuscule d’éléments marginaux des forces armées et de sécurité », citant Yann Vezilier comme agent français chargé de mobiliser militaires et acteurs de la société civile. Selon des sources sécuritaires, au moins 55 personnes ont été arrêtées, dont les généraux Abass Dembélé et Nema Sagara, même si les autorités de transition n’ont pas communiqué de chiffre officiel.
Si la classe politique locale reste muette – les partis étant dissous et leurs activités interdites – l’opposition malienne en exil dénonce un « faux complot ». Le Front Patriotique de Résistance (FPR), composé d’opposants vivant à l’étranger, demande la libération des personnes arrêtées et défie la junte d’apporter des preuves. Son porte-parole, Etienne Fakaba, estime que « ces accusations servent surtout à intimider, à diviser et à détourner l’attention des échecs du régime ». Le FPR, présidé par l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo, rappelle qu’en 2022 déjà, un complot supposément soutenu par l’étranger avait été annoncé sans qu’aucune preuve ne soit présentée. Le mouvement appelle à un retour à l’ordre constitutionnel et promet d’user de tous les moyens légaux pour accentuer la pression sur les militaires au pouvoir.