Le golfe de Guinée est devenu l’un des foyers les plus sensibles en matière de criminalité maritime : trafics de drogue, armes, cargaisons dangereuses… Face à ces menaces en constante évolution, la Côte d’Ivoire renforce sa position de leader régional en matière de sûreté portuaire. Et c’est au Port autonome d’Abidjan, véritable poumon économique du pays, que cette montée en puissance se matérialise grâce à un soutien massif de l’Union européenne.
Un partenariat stratégique pour sécuriser un hub continental
Avec plus de 40 millions de tonnes de marchandises traitées en 2024, le Port d’Abidjan figure parmi les plus importants d’Afrique. Consciente des défis, l’Union européenne injecte plusieurs millions d’euros dans trois programmes destinés à moderniser et protéger les infrastructures maritimes et portuaires de l’Afrique de l’Ouest. Une dizaine de ports en bénéficient, dont celui d’Abidjan, aujourd’hui au centre d’un dispositif de surveillance renforcé.
Le 10 décembre 2025, l’ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire, Irchad Razaaly, s’est rendu sur place pour constater l’avancée de ces dispositifs. Son verdict est clair : Abidjan se met au niveau des standards internationaux les plus exigeants.
Au cœur du système : une unité d’élite prête à intervenir
La visite débute auprès de l’unité des sapeurs-pompiers du port. Casques alignés, camions d’intervention opérationnels, hommes surentraînés… Le lieutenant-colonel Kouassi Alex Amani dirige une équipe de 71 spécialistes capables de gérer les situations les plus extrêmes : incendies majeurs, explosions, incidents chimiques et manipulation de produits hautement dangereux.
Certains matériaux sensibles, comme le nitrate d’ammonium ou le cyanure, sont traités selon des protocoles stricts.
« Ces produits ne séjournent jamais au port. Ils sont immédiatement enlevés sous palan, escortés et remis à leurs destinataires », rappelle l’officier.
Un protocole qui réduit drastiquement les risques d’accident ou d’utilisation malveillante.
Technologies avancées et surveillance renforcée
Les programmes financés par l’Union européenne visent à améliorer la détection, la traçabilité et la prévention. Scanners modernes, contrôle poussé des conteneurs, analyse des marchandises, repérage de navires suspects en mer… chaque maillon est sécurisé.
« Ce que nous mettons en place ici, ce sont les mêmes standards appliqués dans les grands ports internationaux, explique l’ambassadeur Razaaly. La lutte contre les trafics est un travail global, qui nécessite des outils performants et une coordination solide. »
Une stratégie qui va bien au-delà du port
La sécurité ne s’arrête pas aux quais. Deux grands axes stratégiques sont désormais intégrés au dispositif :
le corridor Abidjan–Lagos,
le corridor Abidjan–Ouagadougou.
Objectif : sécuriser toute la chaîne logistique, de l’arrivée des marchandises jusqu’à leur destination intérieure ou régionale. Cette approche globale permet de couper les routes empruntées par les réseaux criminels et de protéger les flux économiques.
Abidjan se positionne en référence régionale
En renforçant ses capacités, le Port autonome d’Abidjan consolide son rôle de centre névralgique du commerce régional. Cette stratégie s’inscrit pleinement dans la volonté du gouvernement ivoirien : protéger les infrastructures stratégiques, sécuriser les investissements et renforcer l’attractivité du pays.
À l’heure où les trafics illicites menacent la stabilité du golfe de Guinée, la Côte d’Ivoire envoie un message clair :
➡️ la sécurité maritime est une priorité nationale, et les moyens sont déployés pour la garantir.



