Deux ans jour pour jour après le renversement du président Mohamed Bazoum, le général Abdourahamane Tiani, désormais à la tête du Niger, s’est adressé à la nation ce 25 juillet 2025, dans un discours radiotélévisé musclé. Apparaissant en uniforme impeccable et béret vert étoilé, il a accusé sans détour les « forces impérialistes » de vouloir déstabiliser le Niger et entraver son développement. Pour lui, la souveraineté nationale est mise à rude épreuve par des ingérences étrangères multiples, responsables du ralentissement des avancées qu’il attribue à son gouvernement. Reconnaissant les « attaques multiformes » venues de l’extérieur, il a appelé les Nigériens à faire le « choix de la dignité dans l’honneur » face à une alternative qu’il juge binaire : la soumission ou la résistance. Aucun mot toutefois sur les récentes victimes civiles et militaires des attaques terroristes. Le général a conclu en exhortant les populations à prier pour un Niger meilleur. Pendant ce temps, l’ex-président Bazoum, toujours détenu avec son épouse depuis le 26 juillet 2023, vit reclus dans des conditions austères : sans radio, ni téléphone, ni liberté de mouvement, avec pour seuls contacts un médecin hebdomadaire et deux cuisiniers restés fidèles. Malgré des tentatives de médiation, il reste coupé du monde, tandis que ses proches décrivent un homme « résistant » et animé par ses convictions. Sur le plan économique, le bilan de la junte est contrasté. Si la croissance a bondi à 8,4 % grâce à la hausse de la production pétrolière et à une bonne saison agricole, l’inflation, la fermeture de la frontière avec le Bénin, et la crise de liquidité du secteur bancaire ont frappé de plein fouet le quotidien des Nigériens. La nationalisation de certaines filiales étrangères, comme celle d’Orano (uranium), illustre une volonté de rupture avec l’ordre économique ancien, mais les effets sur la pauvreté extrême, en forte hausse selon la Banque mondiale, restent préoccupants. À deux ans de pouvoir militaire, le Niger reste donc suspendu entre un discours de souveraineté affirmée et une réalité sociale et économique encore profondément fragile.
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