Alors que le Mali, le Burkina et le Niger clament leur rupture avec l’Occident, leurs nouveaux passeports “souverains” sont imprimés… par une entreprise française. Décryptage d’un paradoxe géopolitique.
Une souveraineté sous-traitée ?
Dans un twist géopolitique savoureux, les nouveaux passeports de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) – symbole de la rupture affichée avec la France – sont en réalité fabriqués par Idemia, un géant français de la sécurité numérique.
Preuve que les réalités technologiques rattrapent les postures politiques : ces documents arborant fièrement le nouveau drapeau AES (baobab, soleil et trois étoiles) et la devise “Un espace, un peuple, un destin” sortent tout droit… d’un site sécurisé au sein de l’Union européenne.
La France valide (discrètement) les passeports des juntes
Malgré des relations diplomatiques exécrables :
✔ Reconnaissance officielle par Paris début avril (confirmée à Jeune Afrique et Le Monde Afrique)
✔ Procédure accélérée : moins de 3 mois après leur mise en circulation le 29 janvier
✔ Substitution progressive aux passeports CEDEAO, organisation quittée en grande pompe
Ironie de l’histoire : ces documents censés incarner le “souverainisme” sahélien dépendent toujours des savoir-faire occidentaux.
Le grand bluff technologique des juntes ?
Derrière la rhétorique anti-française, un constat s’impose :
- Aucune capacité industrielle locale pour produire des passeports biométriques sécurisés
- Dépendance maintenue vis-à-vis des fournisseurs européens
- Communication soigneusement orchestrée autour d’une “rupture” plus symbolique que technique
“C’est la quadrature du cercle géopolitique”, analyse un diplomate européen sous couvert d’anonymat. “Ils clament leur indépendance tout en utilisant nos chaînes de production.”
Dernier acte de ce paradoxe : ces passeports “made in France” permettront aux Maliens de voyager… en Europe. Preuve que les divorces diplomatiques ont parfois d’étranges accommodements.